Que la lumière se fasse encore et encore
L’inspecteur Jean-Baptiste
Adamsberg (1) résout ses énigmes en marchant dans les rues de Paris. Les idées vont
et viennent dans sa tête et se mettent en place. Sa bonne étoile fait toujours
en sorte que les bons mots en viennent à entrer en collision. Que les concepts
s’arrangent d’eux-mêmes.
Il n’est
qu’intuition, il n’est pas un génie. Sa plus grande arme est son ressenti. Il
sait, grâce à celui-ci, où chercher, où s’arrêter, quand partir, ou aller pour
que d’autres indices inconscients viennent s’ajouter au magma bouillant d’incohérences
qui se trouvent dans sa tête.
Adamsberg ne
planifie pas d’avance, il est dans l’action, dans le présent, jusqu’au moment
où il va prendre une marche et laisse la soupe floue devenir tempête. C’est
dans le chaos que l’ordre se crée et que, à chaque foi, coup de génie sur coup
de génie, l’inspecteur surpasse tous ses confrères policiers et comprend tout
ce qui s’est passé.
Parfois, il
rencontre des génies. Ceux dont les pensées sont comme un bureau impeccable.
Les idées sont classées et répertoriées. Leurs méthodes sont rigoureuses et,
avec suffisamment de réflexion, ils peuvent venir à bout de presque n’importe
quel problème. Ils fonctionnent à la manière des ordinateurs, ne perdant aucune
précision et élaborant leurs plans en tenant compte consciemment de tous les
paramètres.
Et lorsque
ceux-ci rencontrent Jean-Baptiste Adamsberg, c’est lui qu’ils traitent de
génie. Parce qu’il existe des problèmes qui ne peuvent être résolus par un
ordinateur. Certains exercices demandent du flair, une forme d’intelligence peu
conventionnelle qui est très aléatoire, mais qui, lorsqu’elle réussi, va bien
au-delà d’une analyse linéaire et construite.
Si je l’imageais,
ce serais une brume très épaisse parcourue d’éclair qui se frôlent et parfois,
brusquement, entrent en collision. Deux idées se touchent, parfois plus et
lorsque ce sont les bonnes idées, c’est un éclair de génie qui parfois et
souvent surpasse l’analyse Sherlockienne. Comme je l’ai dit, le hasard reste un
facteur important de réussite ce qui n’est aucunement le cas de la déduction.
Quand on me
demande ce que je veux faire, plusieurs choses me viennent en tête. La
recherche en est une d’importance, mais j’ai toujours un doute. Mon esprit est
une brume, mais jusqu’à maintenant, j’ai souvent été chanceux. Les bons fils se
sont touchés aux bons moments, mais je ne peux pas me reposer seulement sur la
chance pour mon métier. C’est la raison principale pour laquelle je me suis
tourné partiellement vers le journalisme scientifique. Quitte à ne pas toujours
avoir des victoires dans cette lutte statistique qui fait rage sous mon crâne,
au moins j’aimerais pouvoir l’apprécier pleinement à temps plein et en faire
profiter le plus possible.
La brume dans ma
tête pourra se faire sur plein d’autres sujets, et je compte continuer d’étudier.
Même s’il n’y a
rien après les études, le savoir pour le savoir, même s’il n’y a rien après la
mort, la vie pour la vie.
Comme Adamseberg,
j’apprécie beaucoup les génies rapides et constants. Comme Adamsberg, on me
traite de génie alors que j’en doute fortement. Comme Adamsberg, je résous des
problèmes en laissant le brouillard se faire et en espérant que la lumière se
fasse.
Que la lumière se
fasse... encore et encore.
Adamsberg est un de ces héros que j'ai trouvé sur le tard, il n'est pas ce que j'aimerais devenir, il est ce que je deviens, et ça ne me déplaît pas, de toute façon, je compte l'améliorer un peu.
Bonne vacance si
je ne vous revoie pas d’ici là.
Je reste réactif
si vous avez quelque chose à ajouter.
Odin
1. J'avais déjà parlé du personnage de Fred Vargas dans mon texte #7, l'eau, et de son rapport à l'orage.
Tu devrais essayer Marcus Maltes. Garden of Love est celui que l'on a l'habitude de recommander, mais je ne sais pas pourquoi je te suggérerai plutôt Les Harmoniques. Une belle balade de blues, si tu trouve le temps ; je sais que ce n'est pas simple pour toi.
RépondreEffacerEn te souhaitant une très heureuse année 2014, Yann !
A très bientôt.
Je ferai en sorte de mettre la main dessus d'ici peu, mais mon cours de science-fiction me demande beaucoup de lecture, je devrais sans doute attendre l'été. Là, j'aurais beaucoup de transport en commun à faire, et donc du temps de lecture pour moi.
RépondreEffacerUne très bonne année, astrologiquement absurde, mais humainement importante.
À dans quelques minutes.
Yann Odin