Métro
Je suis sûr que vous passez dans ce système sans le
remarquer, il est naturel pour vous, Montréalais, mais pour moi, c’est une
expérience à la fois effroyable et fantastique, une immersion dans un film et
une réflexion que vous, lecteurs, allez subir. Dans l’autobus le plus bondé de
Québec peuvent s’entasser moins d’une centaine de personnes. Je ne sais pas
combien de personnes entrent dans un seul wagon de métro, mais je me doute que
pour un métro entier, le chiffre passe quelques centaines, peut-être un
millier. Moi, ça m’impressionne.
Par contre, bien que je trouve le concept extraordinaire,
que je considère le métro comme une des plus brillantes inventions de
l’humanité et qu’il rende les déplacements en ville beaucoup plus agréables, je
m’inquiète concernant les gens qui l’utilisent. On dirait des figurants, des
fantômes. Pourquoi cette expression neutre qui est commune à tous et chacun? À
Stoneham, dans l’autobus, les gens se parlent, il y a des sourires sur les
visages. Est-ce la ville ou le métro? Je remonte à la surface, c’est pas
tellement mieux. Pourtant, mon milieu de travail est agréable, les gens sont
heureux, se parlent, se sourient. Que se passe-t-il? C’est exactement comme si toutes
ces personnes avaient décidé de ne pas exister ou s’étaient fait imposer cette
inexistence. Un inquiétant manque d’importance que semblent s’accorder tous ces
gens et qui me porte à les ignorer, les considérer comme un espace occupé, une
masse en marche sans âme. Pas étonnant que tant d’intellectuels citadins
dénoncent la moutonnerie, chose assez peu expérimentable à la campagne.
Pourtant, chaque usager du métro de Montréal a sa propre
histoire, ses joies, ses peines, ses rêves et sa souffrance. Ils sont tous
animés d’une vie infiniment complexe et le fonctionnement de chacune de leurs
cellules dépasse probablement votre entendement! Vu de l’extérieur, ils ne
semblent pas exister, semblent tout faire pour être les plus invisibles
possible, comme si les wagons ne pouvaient contenir qu’une quantité maximale d’animation
(d’anima, souffle de vie en latin) et que tous et chacun se faisaient un devoir
de respecter ce quota.
Comment réagir à l’apathie qui semble généralisée? Certains
lisent, écoutent de la musique, fixent le vide. En plus de regarder dans toutes
les directions en m’efforçant au sourire, je m’arrange pour saisir un 24H et/ou le Métro, deux petits journaux distribués gratuitement (et en
exclusivité!!!! selon le site internet du 24H,
qui ne semble pas avoir été mis à jour depuis fin 2010) dans le métro de Montréal.
Petite parenthèse, je trouve que c’est une idée fantastique et bien que les
publicités prennent une place disproportionnée, autofinancement oblige,
l’initiative mérite tout de même d’être soulignée.
Je comprends mieux les origines du mouvement punk (1) avec
cette vision spécifique de l’humanité. Des jeunes trop sensibles ou intelligents,
en entrant dans ce monde froid et neutre, n’ont pu que créer une forme de
résistance, mais la taille colossale de la masse n’a pu leur inculquer que le
déni d’eux-mêmes et l’acceptation de leur insignifiance. Je ne veux pas
terminer comme ça.
Métal urbain (post-punk français) avait un texte qui
dénotait bien cette absence de futur, cette révolte et cette acceptation qu’on
retrouve dans la philosophie punk première. Le morceau en question, NUMÉRO ZÉRO, allait ainsi :
Moi seul et unique
Sans copie et sans réplique
Je ne me reproduis pas
Je suis indivisible
Je n’appartiens à personne
L’univers est pour moi
Étranger au cœur des masses
Et paria de toutes les classes
Civilisé dans la jungle / Et sauvage dans la cité
Ne me parlez plus d’amour
D’union d’égalité
Parmi la foule des zombies
Je suis un dieu un héros
Je suis le chiffre infini
Le numéro zéro
J’ai entendu parler d’un beau salon de thé dans le quartier
latin. Où est le quartier latin? Je n’en sais fichtre rien!
N’hésitez pas à commenter et/ou à partager et/ou à vous inscrire si vous avez
aimé!
Odin
1. Attention, si vous croyez qu’il existe actuellement des
punks, vous n’avez pas compris le principe et si vous cultivez l’ignorance sur
la réelle philosophie du mouvement qui n’est pas du tout destructeur, méchant,
satanique, etc., allez tout de suite vous renseigner ou attendez que j’aie le
temps d’écrire sur ce mouvement historique bien particulier. Ne pas confondre
avec le punk-rock et d’autres déviations du mouvement originel qui s’est
« suicidé » aux alentours des années 80.
Ce "post" est aussi bon que les précédents ^^
RépondreEffacerContinu! J'aime bien te lire (si je peux me permettre de dire cela.)
Je suis très d'accord avec toi pour ce qui est des métro de Montréal.
Merci, c'est toujours génial d'avoir des commentaires sur ses textes et je compte continuer à en écrire!
EffacerEt comptes-tu lancer un mouvement de rejet du monde actuel? ^^
Tant mieux! Je risque de continué à te lire ^^
EffacerHahaha, non... je ne crois pas en tout cas :P
J'adore cet article! Étant maintenant une montréalaise depuis 3 ans, j'émets souvent de tels réflexions lorsque je prends le métro.Les usagers semblent tellement blasés,épuisés...
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