Eugène, des elfes et un bilan
J’imagine que je ne suis pas le
seul à avoir deux avis contraires sur un même sujet. George Orwell parlait de
double-pensée dans 1984, la capacité
de penser deux choses qui se contredisent en même temps et de faire instinctivement
appel à la bonne pensée selon le contexte, tout en oubliant l’exercice mental
que l’on accomplit ainsi que le concept même de la double-pensée. Peut-être en
suis-je victime? L’eugénisme (1) est un de ces sujets chauds pour lequel j’ai deux avis
diamétralement opposés et une proposition.
Je suis contre l’eugénisme s’il
n’est pas organisé selon des lois ultra-précises, un code d’éthique extrêmement
sévère et de manière totalement désintéressée. Par exemple : la sélection
se fait sur l’ensemble de la population (pas d’exception), aucun parent ne
connait l’identité de son généticien et vice versa, un généticien doit choisir
un garçon une fois sur deux et une fille la seconde fois et il conserve le plus
bel embryon selon les critères les plus vagues possibles, soit l’absence de
gènes déficitaires et de maladies graves, la viabilité de l’enfant et l’assurance
qu’il pourra se développer de la manière qu’il choisira de le faire.
Par contre, choisir le sexe, les
attributs, les talents… ça je suis contre, et seulement à cause du mot
« choisir ». La naissance n’est pas à la carte. L’homme est hasardeux
et c’est ce qui le rend tellement (insérer le ou les qualificatifs de votre choix
parmi ceux de la liste suivante).
-Merveilleux
-Magique
-Imprévisible
-Dangereux
-Impossible
-Agréable
-Incompréhensible
-Versatile
-Plein d’autres attributs
Ce n’est pas forcément de la double-pensée, mais une société
plus parfaite me plairait beaucoup peu importe si on considère qu’elle serait
bâtie sur l’annihilation de plusieurs valeurs que je défends et que j’ai
défendues plus haut.
Il y a quelques semaines, j’ai eu
une grosse discussion avec un humain transformé en elfe et deux elfes (oui, ça
m’arrive, non, pas de drogue). C’était incroyable parce que l’ancien humain
racontait comment il se sentait dépourvu du doute et du tourment, alors que les
elfes philosophaient sur pourquoi les humains se tournent parfois vers le mal
et que je renchérissais sur le fait que les meilleurs humains sont plus bons (dans le sens de bonté, c'est grammatical) que les elfes. Nous avons conclu que c’est le manque de temps qui change la
donne. Avec moins d’un siècle, l’homme doit se dévouer ou n’aller nulle part.
Et là où il met sa dévotion le construit, sa passion le consume, consume les
autres ou permet la création de quelque chose de plus grand que lui.
C’était une belle conversation.
Les elfes naissent parfaits, leur
espérance de vie transcende les siècles. Ils n’ont même plus besoin de
l’eugénisme, celui-ci se fait naturellement. Ils n’ont plus de psychopathes,
mais parfois, leur perfection les rend fades; plus de passions, plus de défis.
Si dans la plupart des mythologies post-Tolkien (lire ici post-naissance-de-Tolkien) les elfes quittent les contrées
humaines, c’est peut-être qu’ils ont compris que nous avons quelque chose
d’unique et que leur temps est révolu contre les humains créateurs… et compté
contre les humains destructeurs. Tout ça parce que la naissance, l’enfance et
les choix de chaque humain sont laissés au hasard et à lui-même, pour le
meilleur et le pire.
Le manga Death Note
pose un autre problème comme ça. Est-il éthique de tuer des criminels? Selon le
personnage principal, tout le monde montrera une façade de « non » en
invoquant l’éthique même si dans le secret, ils appuient l’éradication du mal.
Je vous conseille ce manga, il est magnifique.
Près de trois semaines
de faites, petit bilan sur mon aventure citadine.
J’aime beaucoup mon travail, je suis en constante
stimulation, je vois des gens, ça me demande de la réflexion et certaines
formes d’intelligence que je maîtrise.
Je sors beaucoup, au cinéma, dans les bars (bien que je ne
boive pas d’alcool)… J’ai même assisté à une soirée de slam, une sorte de
poésie pas tout à fait chantée, parfois sur musique, d’autres fois non. C’est
souvent engagé, parfois comique. Mon préféré faisait des jeux de mots sur la
physique et la chimie, il a d’ailleurs gagné le concours.
J’ai relevé beaucoup plus d’incohérences dans L’Homme de fer que dans Star Trek, ce qui m’a surpris parce que je
ne m’attendais pas à ce que Superman s’en aille défier les lois de la physique
ailleurs que sur Terre contrairement à Star
Trek. Un noyau de planète, en l’occurrence Krypton, qui explose en nébuleuse? Non! Les positionnements des
corps célestes ne sont même pas crédibles tout comme l’ensemble de leurs
concepts sur pourquoi la Terre renforce Clark Ken… Leur machine à terraformer
est également ridicule.
Je suis très bien installé, je commence même à m’étendre
dans mon nouvel environnement. C’est bon signe.
Je n’aime pas Montréal, c’est officiel. La société des
transports est mal-fichue, l’air est souvent infect et la vue est rarement
belle.
J’adore la vie de ville, même si je crois que j’en profite
un peu trop. Je ne lis plus beaucoup, je prends du retard dans l’écriture et je
ne fais pas assez de sport. Mais c’est de ma faute, quand on veut du temps, on
doit le prendre par la force, se l’arracher.
Aussi, beaucoup de gens me manquent. Je sais qu’ils ne font
pas exprès, mais ils font partie de mon bilan, je suis loin d’eux, ils sont
loin de moi. J’ai pu en voir quelques uns en fin de semaine, mais si peu. Si
peu.
En essayant de reprendre mon rythme d’il y a une semaine.
Si vous avez des commentaires, questions, insultes, astuces Nintendo, etc., n’hésitez pas à les
écrire dans les commentaires et à partager si vous avez aimé!
Odin
1. Pour les néophytes, l’eugénisme pourrait se résumer à la sélection artificielle des gènes (par exemple à la conception d’un enfant) dans
le but d’améliorer le patrimoine génétique de la race humaine. Ça pose plein de
problèmes éthiques et permet un tas de choses fantastiques, l’article Wikipédia doit faire une centaine de pages.
Pour aller plus loin, le film Bienvenue à Gattaca met en
scène un « imparfait » dans une société où les enfants sont choisis à
la carte et où leurs gènes déterminent leur destin. Dans un style magnifique,
une narration douce et un scénario d’Andrew Niccol, que l’on connait pour The Trumman Show et Les Âmes vagabondes que je verrai peut-être un jour…
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