Spécial
J’ai vécu une de ces expériences hors du commun où le rêve
et l’éveil se mélange admirablement bien cette nuit (1).
J’ai fait aujourd’hui pour mon cours de science-fiction une
présentation sur comment nos perceptions sont mises à mal dans le film Men in
Black et dans le livre Do Androids Dream of Electric Sheep de Philip K. Dick.
Malgré un anglais très hésitant, j’ai plus tenu la classe en alerte que ma
partenaire qui citait Kant dans ses propos sur les limites de nos sens dans les
œuvres à l’étude.
Il y a, dans le livre de K. Dick, un personnage nommé
Isidore dont le cerveau a, semble t-il, été endommagé par la
poussière radioactive qui recouvre la Terre dans le monde post-apocalyptique proposé par
l’auteur. Il n’a pas le droit d’émigrer sur Mars et n’est pas assez intelligent
pour occuper une fonction d’importance sur Terre, il vit seul dans un des
multiples appartements d’un building gigantesque qui pourrait loger des
milliers de personne si celles-ci n’avaient pas fuit vers le nouveau monde sain
qu’est maintenant la planète rouge. Isidore est sans doute le plus beau
personnage de Do Androids Dream of Electric Sheep. Il est empathique, attachant
et, malgré ses déficiences qui lui valent le titre de « spécial »,
capable de raisonnements que les autres personnages, guidés par les conventions
sociales et culturelles (sous-entendu ici, par le capitalisme), peinent à
comprendre.
Je l’ai donc très bien pris quand, en allant me rasseoir,
j’ai entendu à l’arrière de la classe Docteur Malley dire : « You’re
special Yann », ce à quoi j’ai répondu un timide « Thank
you. »
Mais là n’est pas le point.
Je vous écris malgré une charge de travail monstre, celle là même qui m’a obligé à écrire un essaie de trois pages en une journée, en plus de voir ma copine (2) et de préparer cet oral dans les temps morts. J’ai quand même l’avantage, le lundi matin, de commencer mes cours à 11h30, ce qui pouvait me permettre de me préparer le jour même, et le désavantage de ne jamais réussir à me lever à temps.
Je vous écris malgré une charge de travail monstre, celle là même qui m’a obligé à écrire un essaie de trois pages en une journée, en plus de voir ma copine (2) et de préparer cet oral dans les temps morts. J’ai quand même l’avantage, le lundi matin, de commencer mes cours à 11h30, ce qui pouvait me permettre de me préparer le jour même, et le désavantage de ne jamais réussir à me lever à temps.
Pourtant, ce matin, alors que j’arpentais mon univers
onirique, j’y entrais dans ma classe, me trouvais sans ressource pour mon exposé. Je décidais donc de me lever plus tôt ce matin là pour avoir tout le temps qu’il me
fallait pour me préparer.
J’ai ouvert brusquement les yeux sur le cadran; 7h00. Pas
7h01 ou 6h59, un rond, un parfait, un improbable 7h00 qui me donnait plusieurs
heures d’avance pour pratiquer avant mon cours de Science-Fiction.
Devant ce sentiment de grandeur et d’émerveillement, j’ai
fermé les yeux et me suis levé à 8h30, ai déjeuné tout doucement et griffonné
quelques notes sur un post-it (qui ne mérite même pas ce nom vu son absence
d’adhésif), puis je suis allé en classe et ai été qualifié de spécial par Dr Malley à la fin de mon exposé.
Si vous voulez rire, regardez Men in Black, si vous voulez
réfléchir, prenez n’importe quel livre de K. Dick. C’est dans Do Androids Dream
of Electric Sheep que j’ai lu le mot wespe pour la première fois. Sans Do
Androids Dream of Electric Sheep, je n’aurais pas écrit mon texte 2. Sans mon
cours de Science-Fiction, je n’aurais jamais su à quel point ma lecture de mai
2013 aurait pu aller plus loin, merci Dr Malley!
Je reste présent sur les commentaires.
Odin
Mon album préféré |
P.S. Un jour mon père m’a dit que le groupe musical auquel
il revenait toujours était The Cure. Sans la moindre autorité vu mon jeune âge,
je ne peux que citer mon père : « Le seul groupe auquel je reviens
toujours est The Cure. » C’est dit.
P.P.S. Je risque d’essayer d’ici peu d’écrire un article ou
deux en anglais histoire de pratiquer, d’expérimenter les différences
linguistiques et stylistiques, et surtout de donner quelque chose à lire à mes amis unilingues
anglophones de l’université! J'essaierais bien sûr de trouver un sujet qui se prête mieux à la langue anglaise qu'au français.
1. Quand j’ai commencé à écrire, on était encore
aujourd’hui, et quand vous lirez, on sera sans doute demain.
2. Elle se nomme Camille et nous sommes allés prendre un
bien peu productif thé si vous voulez tout savoir.
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