samedi 29 juin 2013

9. Religion

Religion

Je suis très profondément agnostique. Je ne « sais » (remarquez les guillemets) pas, je me contente de supposer, d’espérer, de constater et d’apprendre.

De supposer qu’il y a peut-être quelque chose avant, après, au-dessus. Que la raison des choses pourrait nous échapper ou nous surpasser. Que peut-être aussi il n’y a rien d’autre que nous et que cette chance collective, c’est à nous et rien qu’à nous de s’en occuper, de la chérir, de la développer et de l’aimer. Je ne sais plus qu’est-ce qui fait le plus peur, le fait d’être laissés à soi-même ou l’impossibilité de contrôler son destin. Plusieurs scénarios s’offrent à moi.

-Sur le plan personnel, on contrôle mon destin et j’ai peur car comment puis-je savoir que j’existe vraiment si je suis prédéterminé?
-Sur le plan collectif, rien n’est contrôlé et j’ai encore plus peur parce que l’humain a prouvé sa négligence et sa haine bien trop souvent.
-Sur le plan personnel, je suis laissé à moi-même et j’ai peur de passer à côté de tant de choses qui sont peut-être un « destin », un potentiel.
-Sur le plan collectif, nous sommes contrôlés et j’ai pas mal peur parce que je ne sais pas qui a le pouvoir entre ses mains.

En gros, je suis peureux dans mes suppositions.

J’espère aussi. J’aimerais que des choses existent, et ça influence beaucoup mes théories généralement plus acceptées (par moi-même, pas par les autres). La réincarnation est un concept que j’adore. Malgré les défauts de cette théorie (sauf si les âmes sont intemporelles et ne viennent pas juste sur la Terre, le fait que leur quantité « en jeu » varie est problématique tout comme l’endroit d’où elles viennent), c’est, selon moi, la plus attrayante sur le plan de ce qu’il y a après/avant la vie et elle possède moins d’incohérences que bien d’autres croyances.

Je m’explique : s’il existe une infinité de mondes et que les âmes sont immatérielles et intemporelles, pourquoi s’arrêteraient-elles à une vie? Est-ce que ce serait vraiment suffisant pour elles? De plus, la mémoire est un phénomène purement physique, il est normal qu’une âme ne se rappelle pas exactement son parcours. Et si elles ne se réincarnent pas, où les met-on pour l’éternité? Selon moi, le paradis est sur Terre et l’enfer y est encore plus.


J’adore cette phrase : Nous ne sommes pas des êtres humains venus vivre une expérience spirituelle, mais des êtres spirituels venus vivre une expérience humaine. Et j’ai décidé de la vivre à 100%, sans raccourci, triche ou aidant autres que mes pairs.


Je ne crois pas au Dieu des chrétiens, des musulmans ou des juifs (c’est le même, mais ils le regardent de manières tellement différentes…), ni en les dogmes hindouistes ou « proto-religions amérindiennes » peut-être plus évoluées que celles des « civilisés ». J’aime bien le bouddhisme, mais je reste profondément anti-institutions religieuses et opposé aux prêts-à-penser, bien que je reconnaisse l’importance historique des religions et des Églises. Parallèlement, je ne crois pas que les esprits rejoignent un être supérieur bienveillant ou malveillant à leur mort.

J’ai des centaines de théories sur ce qu’il y aurait au-dessus, mais ça parle souvent de temps et de prophéties, je développerai plus un jour, peut-être.

Je crois aussi en certains concepts tels l’amour, la sérénité, l’harmonie, l’équilibre… J’y crois, sans y apporter foi(1)… Mais pour moi il s’agit d’un certain type de constantes humaines, soit liées à nos gènes ou à l’esprit humain, ou de réalités de l’univers que l’on pourrait mathématiser, un peu comme dans la série Touch.

Touch, c’est une série télévisée américaine qui raconte les tribulations d’un père dont le fils est un autiste qui voit la trame mathématique du monde et les « fautes » dans l’équation. L’enfant en question, Jake, n’a jamais parlé et il y a toute une histoire (qui ne m’intéresse pas) à propos de la garde de l'enfant par le père. L’émission s’articule autour des actions, parfois dangereuse, que Jake force son père à faire en le mettant sur la trace de certains nombres et qui ont des conséquences de type effet papillon partout sur la Terre. Par exemple, le fait de redonner un transistor à quelqu’un dans l’autobus où son fils l’a mené conduit à sauver la vie d’un astronaute. Il y a de très beaux épisodes, d’autres… moins bons, mais tout de même meilleur que ce que vous trouverez à TVA.



En essayant de nouveau d’augmenter mon rythme d’écriture pour en revenir à la vitesse initiale…

Si vous avez aimé, n’hésitez pas à répandre la bonne nouvelle (je me permets le jeu de mot juste à cause de mon titre) et à commenter si vous avez quelque chose à rajouter!

Odin



1. Si vous voyez ce que je veux dire ici, écrivez le dans un commentaire, je ne comprends pas moi-même.

vendredi 21 juin 2013

8. Eugène, des elfes et un bilan

Eugène, des elfes et un bilan

J’imagine que je ne suis pas le seul à avoir deux avis contraires sur un même sujet. George Orwell parlait de double-pensée dans 1984, la capacité de penser deux choses qui se contredisent en même temps et de faire instinctivement appel à la bonne pensée selon le contexte, tout en oubliant l’exercice mental que l’on accomplit ainsi que le concept même de la double-pensée. Peut-être en suis-je victime? L’eugénisme (1) est un de ces sujets chauds pour lequel j’ai deux avis diamétralement opposés et une proposition.

Je suis contre l’eugénisme s’il n’est pas organisé selon des lois ultra-précises, un code d’éthique extrêmement sévère et de manière totalement désintéressée. Par exemple : la sélection se fait sur l’ensemble de la population (pas d’exception), aucun parent ne connait l’identité de son généticien et vice versa, un généticien doit choisir un garçon une fois sur deux et une fille la seconde fois et il conserve le plus bel embryon selon les critères les plus vagues possibles, soit l’absence de gènes déficitaires et de maladies graves, la viabilité de l’enfant et l’assurance qu’il pourra se développer de la manière qu’il choisira de le faire.

Par contre, choisir le sexe, les attributs, les talents… ça je suis contre, et seulement à cause du mot « choisir ». La naissance n’est pas à la carte. L’homme est hasardeux et c’est ce qui le rend tellement (insérer le ou les qualificatifs de votre choix parmi ceux de la liste suivante).

-Merveilleux
-Magique
-Imprévisible
-Dangereux
-Impossible
-Agréable
-Incompréhensible
-Versatile
-Plein d’autres attributs

Ce n’est pas forcément de la double-pensée, mais une société plus parfaite me plairait beaucoup peu importe si on considère qu’elle serait bâtie sur l’annihilation de plusieurs valeurs que je défends et que j’ai défendues plus haut.




Il y a quelques semaines, j’ai eu une grosse discussion avec un humain transformé en elfe et deux elfes (oui, ça m’arrive, non, pas de drogue). C’était incroyable parce que l’ancien humain racontait comment il se sentait dépourvu du doute et du tourment, alors que les elfes philosophaient sur pourquoi les humains se tournent parfois vers le mal et que je renchérissais sur le fait que les meilleurs humains sont plus bons (dans le sens de bonté, c'est grammatical) que les elfes. Nous avons conclu que c’est le manque de temps qui change la donne. Avec moins d’un siècle, l’homme doit se dévouer ou n’aller nulle part. Et là où il met sa dévotion le construit, sa passion le consume, consume les autres ou permet la création de quelque chose de plus grand que lui.

C’était une belle conversation.

Les elfes naissent parfaits, leur espérance de vie transcende les siècles. Ils n’ont même plus besoin de l’eugénisme, celui-ci se fait naturellement. Ils n’ont plus de psychopathes, mais parfois, leur perfection les rend fades; plus de passions, plus de défis. Si dans la plupart des mythologies post-Tolkien (lire ici post-naissance-de-Tolkien) les elfes quittent les contrées humaines, c’est peut-être qu’ils ont compris que nous avons quelque chose d’unique et que leur temps est révolu contre les humains créateurs… et compté contre les humains destructeurs. Tout ça parce que la naissance, l’enfance et les choix de chaque humain sont laissés au hasard et à lui-même, pour le meilleur et le pire.

Le manga Death Note pose un autre problème comme ça. Est-il éthique de tuer des criminels? Selon le personnage principal, tout le monde montrera une façade de « non » en invoquant l’éthique même si dans le secret, ils appuient l’éradication du mal. Je vous conseille ce manga, il est magnifique.





Près de trois semaines de faites, petit bilan sur mon aventure citadine.

J’aime beaucoup mon travail, je suis en constante stimulation, je vois des gens, ça me demande de la réflexion et certaines formes d’intelligence que je maîtrise.

Je sors beaucoup, au cinéma, dans les bars (bien que je ne boive pas d’alcool)… J’ai même assisté à une soirée de slam, une sorte de poésie pas tout à fait chantée, parfois sur musique, d’autres fois non. C’est souvent engagé, parfois comique. Mon préféré faisait des jeux de mots sur la physique et la chimie, il a d’ailleurs gagné le concours.

J’ai relevé beaucoup plus d’incohérences dans L’Homme de fer que dans Star Trek, ce qui m’a surpris parce que je ne m’attendais pas à ce que Superman s’en aille défier les lois de la physique ailleurs que sur Terre contrairement à Star Trek. Un noyau de planète, en l’occurrence Krypton, qui explose en nébuleuse? Non! Les positionnements des corps célestes ne sont même pas crédibles tout comme l’ensemble de leurs concepts sur pourquoi la Terre renforce Clark Ken… Leur machine à terraformer est également ridicule.

Je suis très bien installé, je commence même à m’étendre dans mon nouvel environnement. C’est bon signe.

Je n’aime pas Montréal, c’est officiel. La société des transports est mal-fichue, l’air est souvent infect et la vue est rarement belle.

J’adore la vie de ville, même si je crois que j’en profite un peu trop. Je ne lis plus beaucoup, je prends du retard dans l’écriture et je ne fais pas assez de sport. Mais c’est de ma faute, quand on veut du temps, on doit le prendre par la force, se l’arracher.

Aussi, beaucoup de gens me manquent. Je sais qu’ils ne font pas exprès, mais ils font partie de mon bilan, je suis loin d’eux, ils sont loin de moi. J’ai pu en voir quelques uns en fin de semaine, mais si peu. Si peu.



En essayant de reprendre mon rythme d’il y a une semaine.

Si vous avez des commentaires, questions, insultes, astuces Nintendo, etc., n’hésitez pas à les écrire dans les commentaires et à partager si vous avez aimé!


Odin



1. Pour les néophytes, l’eugénisme pourrait se résumer à la sélection artificielle des gènes (par exemple à la conception d’un enfant) dans le but d’améliorer le patrimoine génétique de la race humaine. Ça pose plein de problèmes éthiques et permet un tas de choses fantastiques, l’article Wikipédia doit faire une centaine de pages.

Pour aller plus loin, le film Bienvenue à Gattaca met en scène un « imparfait » dans une société où les enfants sont choisis à la carte et où leurs gènes déterminent leur destin. Dans un style magnifique, une narration douce et un scénario d’Andrew Niccol, que l’on connait pour The Trumman Show et Les Âmes vagabondes que je verrai peut-être un jour…


mercredi 12 juin 2013

7. L'eau

L’eau

L’eau n’est absolument pas mon élément. Immergé, je me sens oppressé, physiquement et mentalement. J’ai l’impression qu’un tentacule va surgir des profondeurs et me happer vers le fond, qu’un tourbillon va m’emporter dans un abysse ou encore qu’une crampe va me paralyser alors que j’ai plusieurs fois ma hauteur en eau sous moi. C’est une peur tribale, primitive, mon esprit fige, laissant les réflexes (ceux-là même qui ont sauvé la vie de mes ancêtres bien avant l’invention de la roue) faire leur travail. Même la fuite m’est étrangère dans ce milieu. C’est une terreur qui n’est pas sans rappeler celle que j’éprouve au contact de l’œuvre d’H.P. Lovecraft.
 
C’est le mythe de Cthulhu qui m’a introduit au genre de l’horreur cosmique. Je suis en général très réceptif (ça me rend malade) au genre de l’horreur, mais le style très cérébral de Lovecraft m’a séduit. C’est surtout le fait que la sensation de terreur n’est pas basée sur les réflexes de défense du cerveau primaire, car il s’agit plutôt d’une expérience intellectuelle et presque spirituelle qui se construit très doucement aussi bien littérairement que psychologiquement jusqu’à l’apogée du malaise métaphysique qui clôt le récit avec des points de suspension. On n’est pas au cinéma américain.

Par contre, l’horreur aqueuse relève de la peur animale, les peuples desquels je descends ne sont pas des marins. Amérindiens dans les forêts, Québécois dans les champs, Ch’tis dans les mines et Français dans les villages. Mes racines plongent dans la terre et la pierre, et l’eau que j’aime est celle de l’orage.

Jean-Baptiste Adamsberg, un personnage de l’auteure de romans policiers Fred Vargas, se fait une réflexion tout à fait admirable alors qu’il enquête sur un meurtre particulièrement violent. Un orage est en train de frapper Paris et il va se promener sur le bord de la Seine. Au moment le plus fort de la tempête, alors qu’il ressent dans ses tripes toute la puissance de la nature, il conclut qu’un meurtrier doit n’avoir jamais eu la chance de vivre l’orage comme il le vit, sinon il aurait trouvé ça suffisant et n’aurait pas eu besoin de tuer. J’aime beaucoup l’œuvre de Vargas, ça change des CSI et compagnie…

Par contre, l’auteure (Fred Vargas est le nom d’auteure d’une femme, Frédérique Audoin-Rouzeau) semble n’être jamais venue au Québec, mais ne s’est pas gênée pour écrire un livre qui mène ses héros dans la belle province, à la rencontre des fameuses expressions québécoises qu’elle a dû trouver dans un recueil du siècle dernier… Personnellement, je n’ai jamais entendu dire « assis-toi là-dessus pis tourne » (excepté dans une conversation entre ma mère et moi, on est fan de Vargas!)





Métro :

Les couples dans le métro lui insufflent une vie qui est autrement peu ou pas existante. Il y a le beau couple qui s’embrasse doucement sur son banc et qui te fait sentir figurant dans un film, mais pas dans Les Temps modernes de Chaplin, plutôt dans une comédie romantique où l’entièreté du scénario se devine à la quinzième seconde. Ça reste mignon, pas comme le couple qui s’embrasse farouchement et se taponne à gauche à droite, où l’homme est squelettique et la femme a passé le cap où la peau ressemble à celle d’un éléphant difforme.

Non, ce n’est pas beau; oui, c’est un fait vécu. Là, c’était plutôt le début d’une émission de télévision policière amateur (oui, je sais, il y a une faute, mais amatrice ne se dit pas tellement à l'oral) qui tente de faire une scène d’introduction comme à série+…




Si on vous le demande, je suis un chat, et pas un aquatique.

Si vous vous demandez pourquoi mon rythme de travail était diminué, c’était parce que le câble d’internet n’était pas branché dans la case « internet » du routeur depuis je ne sais quand là où je vis et que je viens juste d’y remédier…

Si vous avez des commentaires, questions, insultes, astuces Nintendo, etc., n’hésitez pas à les écrire dans les commentaires et à partager si vous avez aimé!


Odin

samedi 8 juin 2013

6. Une histoire de nez

Une histoire de nez

Cyrano-Savinien-Hercule
De Bergerac.
J’ai mal à mon pic, j’ai mal à mon cap, que dis-je, j’ai mal à ma péninsule! Mon nez souffre de la pollution ou du pollen, peut-être des deux. L’air frais et les odeurs légères de la campagne me manquent, la forêt, les rivières, le sol. À Montréal, je suis aux prises avec des odeurs plus ou moins agréables, mais presque toujours intenses et agressives. Bref, je suis olfactivement sous attaque.

Ça me fait mal dans le fond de la gorge, mon cœur se soulève. Parfois, je suffoque dans l’obscurité d’une ruelle, dans les brumes de tabac ou même dans les zones de parfum entêtant, que leur provenance soit d’origine naturelle ou artificielle. L’intensité mord le nez et les bronches.

Le pire dans tout ça, c’est la cigarette. Elle me répugne, me donne des haut-le-cœur. Je passe des heures à essayer de me débarrasser de la sensation que c’est moi qui a fumé. Oui, c’est dégueulasse.

J’ai peur en revenant aux odeurs que j’ai aimées que mon odorat ne sache plus comprendre ce qui est doux et subtil. Ce serait un deuil inimaginable. Et je viens d’y penser : On divise les gens en trois catégories selon leur façon d’apprendre. Les visuels, les auditifs et les kinesthésiques. Soit ceux qui assimilent par la vue, l’entendu et le ressenti. Mais nous n’avons pas de catégories pour les… gustatifs et olfactifs? Existe-t-il des gens qui apprennent par le nez et la bouche plutôt que par la vue, l’ouïe et le mouvement? Et aussi, peut-on ajouter les émotionnels?

Ces catégories heurtent un mur dans leur implantation, s’il existe bien des humains qui apprennent mieux ainsi, car elles ont très peu d’applications concrètes aisément visibles et que leur champ d’activité est soit minimisé par les institutions, soit minimisé par la société. Une pure question de logique pourrait-on dire. De mon côté, je dirais un pur manque d’imagination. Bon, ce n’est pas mon combat de faire des études sur des cas particuliers en matière d'apprentissage par la nourriture, les odeurs et les émotions. Quelqu’un veut s’en charger?



J’suis pas raciste, mais…

On m’a bien dit de me méfier des pickpockets dans le métro, et dans la foule compacte, je serre tout naturellement mon sac dans mes bras. Une fois, alors que j’enlaçais mon sac, j’ai vu devant moi un jeune Noir, le genre qu’il y a dans les films stéréotypés et qui vole la sacoche de la vieille dame avant de se faire arrêter par le héros héroïquement héroïque, un Blanc bien sûr… et j’ai relâché mon étreinte sur mon sac. Et ce sans même m’en rendre compte avant plusieurs secondes. Avoir peur d’avoir l’air raciste, Office de la langue française, inventez un mot s’il vous plait.




Je voudrais remercier spécialement et officiellement mon amie Anna qui lit et corrige mes textes (que je modifie habituellement le lendemain avec la version sans faute)!



Je célèbre ma première semaine dans la métropole dans quelques heures, je suis toujours mitigé quant à si j’aime ou non cette vie incomparable à mon ancienne. Il y a des tas d’avantages et d’inconvénients. Par exemple, je suis allé voir Star Trek au cinéma et j’ai fait un tour dans une micro-brasserie (Les Dieux du Ciel sur Saint-Laurent, bel endroit, trop de bruit), tout ça en deux jours! C’est plus que ce que je faisais habituellement en trois mois! D’un autre côté, mon nez souffre.

C’est un peu grossièrement résumé en fait…


Odin

mardi 4 juin 2013

5. Métro

Métro

Je suis sûr que vous passez dans ce système sans le remarquer, il est naturel pour vous, Montréalais, mais pour moi, c’est une expérience à la fois effroyable et fantastique, une immersion dans un film et une réflexion que vous, lecteurs, allez subir. Dans l’autobus le plus bondé de Québec peuvent s’entasser moins d’une centaine de personnes. Je ne sais pas combien de personnes entrent dans un seul wagon de métro, mais je me doute que pour un métro entier, le chiffre passe quelques centaines, peut-être un millier. Moi, ça m’impressionne.

Par contre, bien que je trouve le concept extraordinaire, que je considère le métro comme une des plus brillantes inventions de l’humanité et qu’il rende les déplacements en ville beaucoup plus agréables, je m’inquiète concernant les gens qui l’utilisent. On dirait des figurants, des fantômes. Pourquoi cette expression neutre qui est commune à tous et chacun? À Stoneham, dans l’autobus, les gens se parlent, il y a des sourires sur les visages. Est-ce la ville ou le métro? Je remonte à la surface, c’est pas tellement mieux. Pourtant, mon milieu de travail est agréable, les gens sont heureux, se parlent, se sourient. Que se passe-t-il? C’est exactement comme si toutes ces personnes avaient décidé de ne pas exister ou s’étaient fait imposer cette inexistence. Un inquiétant manque d’importance que semblent s’accorder tous ces gens et qui me porte à les ignorer, les considérer comme un espace occupé, une masse en marche sans âme. Pas étonnant que tant d’intellectuels citadins dénoncent la moutonnerie, chose assez peu expérimentable à la campagne.
 
Pourtant, chaque usager du métro de Montréal a sa propre histoire, ses joies, ses peines, ses rêves et sa souffrance. Ils sont tous animés d’une vie infiniment complexe et le fonctionnement de chacune de leurs cellules dépasse probablement votre entendement! Vu de l’extérieur, ils ne semblent pas exister, semblent tout faire pour être les plus invisibles possible, comme si les wagons ne pouvaient contenir qu’une quantité maximale d’animation (d’anima, souffle de vie en latin) et que tous et chacun se faisaient un devoir de respecter ce quota.

Comment réagir à l’apathie qui semble généralisée? Certains lisent, écoutent de la musique, fixent le vide. En plus de regarder dans toutes les directions en m’efforçant au sourire, je m’arrange pour saisir un 24H et/ou le Métro, deux petits journaux distribués gratuitement (et en exclusivité!!!! selon le site internet du 24H, qui ne semble pas avoir été mis à jour depuis fin 2010) dans le métro de Montréal. Petite parenthèse, je trouve que c’est une idée fantastique et bien que les publicités prennent une place disproportionnée, autofinancement oblige, l’initiative mérite tout de même d’être soulignée.

Je comprends mieux les origines du mouvement punk (1) avec cette vision spécifique de l’humanité. Des jeunes trop sensibles ou intelligents, en entrant dans ce monde froid et neutre, n’ont pu que créer une forme de résistance, mais la taille colossale de la masse n’a pu leur inculquer que le déni d’eux-mêmes et l’acceptation de leur insignifiance. Je ne veux pas terminer comme ça.

Métal urbain (post-punk français) avait un texte qui dénotait bien cette absence de futur, cette révolte et cette acceptation qu’on retrouve dans la philosophie punk première. Le morceau en question, NUMÉRO ZÉRO, allait ainsi :


Moi seul et unique
Sans copie et sans réplique
Je ne me reproduis pas
Je suis indivisible
Je n’appartiens à personne
L’univers est pour moi

Étranger au cœur des masses
Et paria de toutes les classes
Civilisé dans la jungle / Et sauvage dans la cité
Ne me parlez plus d’amour
D’union d’égalité

Parmi la foule des zombies
Je suis un dieu un héros
Je suis le chiffre infini
Le numéro zéro


J’ai entendu parler d’un beau salon de thé dans le quartier latin. Où est le quartier latin? Je n’en sais fichtre rien!

N’hésitez pas à commenter et/ou à partager et/ou à vous inscrire si vous avez aimé!

Odin


1. Attention, si vous croyez qu’il existe actuellement des punks, vous n’avez pas compris le principe et si vous cultivez l’ignorance sur la réelle philosophie du mouvement qui n’est pas du tout destructeur, méchant, satanique, etc., allez tout de suite vous renseigner ou attendez que j’aie le temps d’écrire sur ce mouvement historique bien particulier. Ne pas confondre avec le punk-rock et d’autres déviations du mouvement originel qui s’est « suicidé » aux alentours des années 80.



dimanche 2 juin 2013

4. Et maintenant?

Et maintenant?


Je suis arrivé à Montréal sain et sauf. La ville est paradoxale, je la comprends mal. Qu’est-ce que cette raffinerie de pétrole aux allures de ville de science-fiction vient faire ici? Sommes-nous en banlieue ou en ville? L’autobus passe aux 15 minutes? Les réponses sont déroutantes ou incroyables. Moins que l’orage qui nous a frappés hier soir. Mais la tempête c’est mon élément : je la vis, je la ressens. La foudre à causé une panne de courant au restaurant cambodgien (toujours commencer par une soupe Won Ton et terminer par un beignet à l’ananas!), je suis allé à la fenêtre regarder la pluie battre le béton presque à l’horizontal sous les éclairs. Une démonstration de force qui surpasse la futilité de la quasi-totalité des inventions humaines. Quasi-totalité, car je crois que la conquête spatiale (oui, ce truc qui se fait sabrer financièrement par presque tous les gouvernements, j’en reparlerais) surpasse le génie et la puissance de l’orage.

À Stoneham, un autobus passe tous les matins et tous les soirs à environ 800 mètres de chez moi. Si je le manque, c’est foutu. Difficile d’aller au théâtre, à un concert ou à une lecture publique dans ces conditions. Ce n’est pas la même organisation. Dans le même ordre d’idées, voir quelqu’un en soirée signifie lui voler son divan pour la nuit et ne pas avoir une seule seconde pour les devoirs.

Alors c’est assez enivrant pour le petit gars de Stoneham de sentir qu’il peut se lever, marcher quelques mètres et avoir accès au plus grand réseau de transport en commun de la province. Des milliers de kilomètres qui s’entremêlent dans un dédale de rues encore plus imposant. Surtout, des millions d’habitations et des dizaines de milliers de commerces. Parmi ceux-ci, peut-être quelques dizaines d’intéressants, Stoneham vient d’être surclassé!

Je vais devoir en profiter. Qu’est-ce qui se passe culturellement à Montréal ces temps-ci? Quelqu’un connait-il un salon de thé? Pas un point de vente de thé qui s’est pourvu de quelques tables et d’un service moyen, un vrai salon, un peu comme l’Arbre à Palabre.

La nuance est difficile à faire si on n’a jamais eu le bonheur de s’assoir sous les branches illuminées de l’arbre (factice) qui domine l’endroit en question. Pour vous donner une idée, l’endroit vendait de la chicha avant les lois anti-tabagisme. L’ambiance est très tamisée, les tables et les chaises sont dépareillées, les tableaux sont littéralement hallucinants et il y a deux coins où on s’assoit à même le sol sur des coussins bariolés. C’est un endroit calme, un endroit qui a une âme, pas un Starbucks. J’y ai passé des heures à jouer aux échecs et autres jeux de société, noyé dans les effluves de thé et ce qui reste des vapeurs de chicha.

Pour ceux que ça intéresse, c’est sur la Wellington à Sherbrooke, du côté où il y a un Village des Valeurs par rapport à la King. C’est caché dans un demi-sous-sol.

Je vais essayer d’aller vivre le vertige des possibles cet après-midi. Et peut-être trouver un autre Arbre à Palabre.


Odin

samedi 1 juin 2013

3. Le contre-envers du ''J'suis pas raciste, mais...''

Le contre-envers du "J'suis pas raciste, mais..."


Un de mes amis aimait bien poser cette question : « Sortirais-tu avec une Noire? » et c’est toujours avec un sourire narquois qu’il nous regardait tenter une réponse. Surtout pour moi pour qui c’était une question piège, car je n’avais jamais été attiré par une Noire avant il y a quelques semaines. Mais en regardant bien, je remarque l’absence de personnes non-Blanches dans ma vie jusqu’à très récemment. Et si parmi toutes les Blanches que je connais très peu m’ont vraiment accroché, il est statistiquement normal qu’aucune personne d’une autre couleur que la mienne ne m’ait attiré.

De manière encore plus particulière, je ne suis pas attiré par beaucoup de modèles de visages et la couleur de peau ne vient pas vraiment y faire quoi que ce soit. Les visages légèrement ronds et les fronts moyens m’attirent, les visages plats beaucoup moins, les fronts hauts pas tellement plus, tout comme les structures de mâchoires osseuses et carrées. J’avais tout de même trouvé la véritable réponse : « Seulement si je tombe amoureux de la Noire en question. » Je ne me casse plus la tête.

Tout ça pour dire qu’avant de croiser le type que je nommerais « Tia Dalma » (avec hygiène, désolé Tia Dalma), donc les filles qui ont des caractères communs à l’actrice Naomie Harris, aucune Noire ne m’avait attiré, au même titre que les fronts hauts ou les mâchoires carrées. J’avais tout de même trouvé une bonne réponse : « Seulement si je tombe amoureux de la Noire en question. »



Mais ça m’amène à parler d’un phénomène en marge des vestiges de la ségrégation « raciale » que je ne nommerais pas, tout simplement car je n’ai pas trouvé de nom, et je ne sais pas s’il en a un. C’est cette volonté de ne pas avoir l’air raciste quand justement on ne l’est pas et qui peut rendre complètement fou. Je m’explique: je suis chauffeur d’autobus et je dois partir à 2 heures très exactement et je n’ai pas le droit d’attendre les retardataires. Malheureusement, une personne de couleur court à toute vitesse vers mon bus et va le manquer à coup sûr d’une vingtaine de secondes. Si je m’arrête, je vais à l’encontre de la règle établie, si je continue, je passe pour un raciste. La question que je me pose est : « que ferais-je si c’était une personne Blanche? » Et vlan. Là est mon problème.

Cette simple pensée vient-elle de faire de moi quelqu’un de raciste? Non, je n’ai pas la réponse, mais j’ai envie de me poser la question et de vous poser la question.

Si on poursuit le raisonnement, le seul moyen de ne pas être raciste serait de ne même pas avoir réfléchi à la vision qu’auront les autres de nous et d'y aller comme à son humeur ou son habitude en considérant tous les peuples/sexes/religions/autres comme une joyeuse bande d’humains, mais ça reste difficile et même compliqué. Après tout, nous venons tous avec un certain bagage culturel, certaines expériences et plusieurs manques. Et chaque groupe (quand on s'y identifie...), peu importe son genre, a sa vision de lui-même qui influence beaucoup le comportement qu’il adopte avec les autres. Les souvenirs des vieilles défaites, des humiliations, des victoires, des rangs sociaux. Parfois, je désespère du « je me souviens » qui est plus prompt à réveiller d’anciennes querelles qu’à résoudre les défis du présent.

La véritable solution est donc qu’il n’y ait pas eu de premier raciste, de première séparation. Ou encore que tout le monde ait parfaitement le choix de son physique (pensons aux elfes dans Eragon, le livre, pas le machin-truc à l’écran où il n’y a pas de nains…) de telle sorte que toute différence soit un choix artistique et jamais un fardeau.


La lutte au racisme est-elle une forme de racisme?

Avez-vous remarqué l’absence récurrente de couples mixtes dans le cinéma américain? Ils sont peu présents parce que le public l’accepte mal et pourrait rejeter le film. L’américain moyen continue de considérer la couleur de peau comme une classification plutôt que de voir le genre humain au sens large chez tous et chacun.

Je vois poindre des lueurs d’inspiration concernant l’eugénisme et l’homosexualité à l’horizon, mais je vais les garder pour plus tard, je considère que ça demande un traitement complet.

D’ici là faites peut-être un saut voir ou revoir I Have a Dream de Martin Luther King. Ça vaut le détour.


Odin


P.S. Dernier message avant mon départ pour Montréal!