samedi 6 décembre 2014

25. Hurl-ô-blanc

Hurl-ô-blanc

Après plusieurs semaines sans écrire pour écrire, sans lire pour lire, se lancer dans un texte pour le simple plaisir de le faire devient un art complexe, car des semaines de travaux littéraires obligés et, surtout, productifs, paralyse cette capacité à laisser tomber les barrières de la discipline et à laisser libre cours à une créativité que l'on doit maintenant débrider plutôt que contrôler (pour ne pas dire réprimer).

L'hiver me frappe chaque année par sa blancheur. Je sens que l'univers entier se ligue pour me livrer une seule et unique information : BLANC. Hurlé haut et fort du haut de nuages infinis et insipides, la neige m'entoure, m'assiège par son ennui glacé. En dessous, le vert de l'herbe, le gris de la pierre, le bleu de l'eau que j'aimerais garder. Au loin, mais tout de même en dessous, le noir du goudron, le blanc des trottoirs, l'odeur des poubelles que j'aimerais oublier. Exception intrinsèque à l'ère post-industrielle, les routes où le blanc devient noir, brun et gris. Les routes, seuls chemins praticables entre A et B, A, l'endroit où je suis, et B, l'endroit où je vais et ou je dois aller, et où je me retrouve embourbé plusieurs fois par jour.

On retrouve, dans la culture populaire, de grands espaces blancs qui symbolisent la pureté, le calme et le paradis y est juché sur des nuages immaculés. Pourtant, l'absence de couleurs en est aussi une d'informations, de moyens ou d'idées, c'est peut-être pourquoi dans certains films de science-fiction, le couleur blanche devient parfois celle de l'enfer, du mal et de la mort, venant ainsi renforcer un sentiment d'aliénation chez le téléspectateur. Encore plus paniquante est la blancheur lorsque celle de la feuille n'est pas troublée par l'encre ou la mine du crayon d'un auteur au désespoir, incapable d'écrire, car peut-être paralysé par une discipline incompatible avec le caractère imparfait de son ébauche mentale ou par les liens qui maintiennent sa créativité, bridée, ou réprimée…

...

Si étaient assemblées l'une à la suite de l'autre chacune des pages de chacun des livres de chacune des étagères de chaque salle de l'infinie Bibliothèque de Babel telle que décrite par Borgès et que celles-ci étaient méticuleusement copiées sur une seule et unique page, cette page serait plus noire qu'une énigme sanglante et nocturne imbriquée dans un contexte palustre par lune noire. Dans ce seul carré noir, résumé écrasé de tous les livres possibles au sens probabiliste du terme, comme le décrit par l'Auteur :

« Tout ce qu'il est possible d'exprimer, dans toutes les langues. Tout : l'histoire minutieuse de l'avenir, les autobiographies des archanges (…) l'évangile gnostique de Basilide, le commentaire de cet évangile, le commentaire du commentaire de cet évangile, le fait véridique de ta mort, la traduction de chaque livre en toutes les langues, les interpolations de chaque livre dans tous les livres… »

Et si de ces innombrables lignes, nous tirions plutôt toute la noirceur du monde, non pas celle des mots sur le papier et du démoniaque figuré, mais celle qui fait peur dans une brume nocturne. Ce noir serait les infinies explosions d'insondables murmures porteurs de tous les mensonges et non-sens que portent les pages de la Bibliothèque de Babel, de chaque vérité et de ces milles déclinaisons que nul n'oserait imaginer ou ne saurait se montrer digne de trouver.

Si j'aime à imaginer le blanc comme absence et les ténèbres comme une toile absurdement dense cachant ce que tous cherchent, ou craignent, mensonges et vérités, c'est peut-être pour rationaliser mon dégoût de l'hiver. C'est peut-être aussi parce que j'ai envie d'écrire, parce que j'aime écrire, et que devant moi ne se dresse plus qu'un seul examen pour un cours qui a avalé chaque semaine une part importante du temps que j'aurais donné à lire et écrire en m'obligeant à écrire et lire. Et finalement, parce que ces mots glissent l'un sur l'autre dans mes pensées depuis plusieurs nuits.


Odin


mardi 17 juin 2014

24. Miscellaneous 1

Miscellaneous 1

Since English is not my native tongue, I decided to publish two small texts, the first humoristic, the second more dramatic. I'm very sorry to not post enaugh stock for the 3 or 4 people who are following me, I'm using all my writing time to the purpose of the LARP I'm implicated in.

An Umbrella



If you ask me what I want for Christmas, my birthday or just to make me a gift, I would answer, without any hesitation, an umbrella, but not any kind of.

I would like the kind of umbrella you have to search a long time in many very classy boutiques. Preferably a black one, in any way something sober in the colours. I would like it to have a beautiful handle, with maybe a strange form like an animal, a distorted drop or an ancient design. This very handle should be of warm wood or from a shinny metal that would resist through time (and space). This kind of umbrella would be very strong, I would like it to carry on with me for ten years before I stop using it under non-exceptional circumstances, not because it is becoming weak of its old age, but because I like it so much that I don’t want to loose it.

I would like this umbrella so much, that I may move in Vancouver or London to be sure to always have a reason to carry it. I may also travel in Viet-Nam during the rainy season and all this, in the name of my umbrella and all this, with my fear of giant spiders (the kind we can actually find in Viet-Nam). In any city, while the sky is blue and the air is hot, I would use it as a can and think of myself as a gentleman. I would tell story to my children and grand-children of the adventures of this umbrella until one day my will of being burned with it will be fulfilled, alive or dead, it would not matter to us, me and my old umbrella, an old and strong umbrella with no name to continue to walk as a gentleman in every places my death will bring me.

I’m not serious on this, but still, if you give me an umbrella for my birthday, I’ll be happy as that one time my mother asked me what I would like fore Christmas and I joked about a radio-controlled helicopter.

I still really don’t know what to do with the helicopter. I guess I’ll find something soon.







I, He, then she, we.



I lost control again.
From what I am and want to be
To what I love and cherish
I lost control again
From my horror and envy
To the last as the first
I lost control again
From flesh and chemistry
To odours and looks
I lost control again
From hands and friends
To cheek and pride
He lost control again
From stupor and shock
To flight and silence
We lost control again
From love and friends
To fear and shock
She lost control again
From solitude and run
To run and solitude
I lost control again
From here
'Till tomorrow
I've lost control again
From sorrow and story
To sorry and history
I'll lost control again
From what's lost
To what's different
We'll lost control again?




Toujours là pour les commentaires

Odin


P.S. She Lost Control Again is a song by Ian Curtis, lead singer of Joy Division.

lundi 7 avril 2014

23. La peur (non Zweiguienne)

La peur (non Zweiguienne)



« Elle ne voulait plus penser à rien, elle ne voulait plus que vivre, s’étourdir, occuper son esprit à des choses vides et dénuées de sens.»

-Stefan Zweig, La Peur.





J’ai encore perdu mes élections contre l’absence.

Contre ceux qui disent venez me voir, je ne suis pas… Venez me voir, je ne ferais pas…

J’ai encore perdu mes élections contre l’argent.

Contre ceux qui disent que c’est La priorité. Ceux qui disent qu’il faut couper.

J’ai encore perdu mes élections contre le mensonge.

Contre ceux qui disent qu’eux sont ceci. Qu’ils sont cela.

J’ai encore perdu mes élections contre la peur.

Contre ceux qui disent qu’eux feront ça. Si on ne les empêche pas.


J’ai encore perdu mes élections contre la mort.

L’absence, l’argent, le mensonge et la peur.

La mort.


Mon peuple a vécu d’espoir.

Vainquant la mer.

Vainquant le froid.

Vainquant la neige.

Vainquant la mort!


Et aujourd’hui, j’ai encore perdu mes élections.

Parce que mon peuple a voté pour la mort.

On lui a fait peur.

On lui a menti.

On n’a parlé que d’argent.

Et l’absence fut promis.


Et « on », a gagné.


Et nous sommes morts des votes.

Et nous avons perdu de peur.





Mais pourquoi n’ai-je pas peur? Suis-je différent? Ai-je un manque?

Suis-je seul à vouloir autre chose?

À rêver haut?

Pour ne pas toucher bas.

Suis-je seul à vouloir hurler? À vouloir m’enfuir?

Non.

À vouloir vivre, chanter et danser mon amour d’autre chose.


Vouloir, futur, innover, faire, joie, durable.

À force de trop vouloir déconstruire l’autre, qu’arrive t-il à soi sinon que le néant de ne plus être dans l’avant, mais dans l’arrière?

Animer le feu qui brûle vers l’ennemi de quel projet? Si se meurt la flamme de l’idéal qu’est celui-ci.

Créer, grandeur, aller, amour, courage, penser.

Si les nombres sont contre l’espoir.

Si les masses se terrent dans l’arrêt.

Si la pensée recule sous l’apathie.


JE ME TIENS DROIT.

Culture, Nation, Santé, Force.

JE ME BATS.

Art, Vie, Science, Environnement.

J’ESPÈRE.

Souveraineté, Éducation, Enfance, Avenir.

JE RÊVE.



Je suis vous.
  


PS1. Et « nous savons
que nous ne sommes pas seuls.»

-Michèle Lalonde, Speak White.



À dans 4 ans. (1)



P.S.S. À l'école de la musique et de la poésie, on apprend pas, on se bat!

-Leo Ferré



Odin







1. Pour les élections, je vais vous écrire avant dans 4 ans!

mercredi 19 mars 2014

22. Bonne fête Yann

Bonne fête Yann

Aujourd'hui, on m’a rappelé mon anniversaire et je commence à écrire avant même de m’être souhaité une bonne fête.

Aujourd'hui, ça fait deux décades que j’existe. De 1994 à 2014, 20 années où mon cœur ne s’est arrêté que quelques fois lors de dangers ou de baisers. Deux fois dix ans dont seules quelques brides se promènent encore en ma conscience qui n’a sûrement pas commencé en 1994.

J’ai essayé de me rappeler de ma première conscience, je n'ai réussi qu'à retrouver mon premier souvenir. Je suis dans un parc, je me balance doucement, je n’arrive jamais à aller haut. J’aimerais aller plus vite, je ne veux pas voir que je suis si bas, je ferme mes yeux très forts. Quand le vent fouette mon visage et le temps entre deux hauteurs maximums est assez grand, j’ouvre les yeux. Je me balance autrement, j’ai compris comment fonctionne la balançoire, je sais, je sens que la balançoire ne peut me porter plus haut, j’ai atteint sa limite.

D’autres épisodes de ma vie, enfouis dans mon brouillard, sont liés au même petit garçon sur sa balançoire.

Mon père cherche partout. Ça sent le brûlé, mais nul ne le sent. Je vais à la fenêtre, une pièce du toit enflammé tombe de deux étages plus haut. Nous sortons, tout le bloc est en feu, et moi je veux aller jouer au parc. Ça, on me l’a raconté, je ne me rappelle que du morceau en feu. On ne me laisse pas aller jouer au parc même si rationnellement, on ne peut rien faire pour aider les pompiers. J’apprends que certaines choses doivent être vécues en personne, qu’elles sont une expérience symbolique, qu'elles ont une importance symbolique.

J’apprends aussi que le feu n’est pas un jeu.

Ma première école primaire, je suis second de classe et je suis jaloux. C’est un territoire et ceci est une lutte, je serais le plus intelligent.

La cours de la même école, nous sommes trois, nous sommes ensemble et nous sommes forts. Les autres sont plus, mais nous ne faiblirons jamais, l’honneur avant tout, nous mourrons bien avant l’abandon.

Bien plus tard, j’ai compris que cette rivalité dans cette cours n’était qu’un jeu et que ceux de l’équipe adverse étaient de bons amis du Yann de première année. Mais ce sentiment de courage et d’honneur avait pris une dimension épique que je garderais jusqu'au moins ce jour.

Je quitte la ville pour la campagne, une nouvelle école. Choc de culture, l’intelligence et l’honneur m’importait, le monde s’en foutait. J’étais le plus petit, j’étais nouveau. Quelque chose est mort en moi là-bas, beaucoup d'autres créatures y sont nées

La cour de cette même école, du muscle s’avance vers moi, je lui demande s’il sait ce qu’est une racine carrée ou une division. Il avance, je recule. Il s’en fout, je lui prouve cinq fois par A=B qu’il ne sait qu’une fraction de ce que je sais, qu’il est incapable de penser, qu’il est même complètement stupide. Il charge.

Mes valeurs ne sont pas celle de mon nouveau monde. J’aimerais partir. J’ai appris le courage, j’ai appris l’honneur. Je confronte toujours et pour cela, je me fais punir.

Sortie scolaire, je crois que c’était de la raquette, je sais que j’ai lancé des chaises. J’ai été puni, et condamné injustement pour m’être défendu, à rester assis sur la chaise qui gît à quelques mètres de moi et de l’adulte qui tente de me maîtriser physiquement. Tous les adultes de l’école sont des connards, il s’en foute de nous. Je confronte.

J’ai un ami qui vit proche de chez moi. On se bat avec des branches, je rêve de faire du grandeur nature, mais mes parents ne m’y accompagnerons jamais et je n’ai pas l’âge d’y aller. Un jour, son père ramasse toutes les branches sur le terrain et fait un feu. J’arrive à déterminer à partir d’un morceau de cinq centimètre de large qu’il a détruit un de mes bâtons préférés d’un coup d’œil. Je l’utilisais depuis plus d’un an, je le connaissais par cœur.

Dans ma vie, tout s’accélère, je n’ai plus le temps pour les morales d’enfant. Je n’ai plus le temps de fermer les yeux sur la balançoire. Et pour la première fois, j’ai peur de la mort.

C'est environ ici que je commence à exister, il y avait un avant, il y a un maintenant.

Tous mes étés, entre 7 et 13 ans, je vais au même camp municipal. Mon avant dernier animateur, Cortex, me donne envie d’animer. Il n’est pas comme les autres animateurs, c’est un chef de meute qui n’hésite pas à faire des folies pour nous. Une fois, en camping, un responsable nous trouve entourant une pierre arrosée de kérosène enflammée en train de faire nos hommes des cavernes et de grumeler « hou, hou, feu de roche! »

Dernière journée de mon primaire. Des gens pleurent. Je suis heureux. Vraiment très, très heureux. Je verse une seule larme sur mon trajet d’autobus. J’adore ce trajet d’autobus. J’y ai lu plus de livre que n’importe qui d’autre qui l’emprunte, je ne sais pas que le prochain sera encore plus long, et que je lirais encore plus vite.

Dans le bus du secondaire, deuxième année, je déteste « l’autre Yann ». Il est sarcastique, fendant, irrévérencieux et s’assoit souvent avec moi.

Dans le bus du secondaire, troisième année, bataille avec « l’autre Yann », nous nous immobilisons l’un l’autre, et au même moment, nous mimons de frapper l’autre avec nos fronts en disant, de manière simultanée, « Il reste ma tête! ». Bien sûr, deux personnes qui miment de se frapper se rencontrent à mi-chemin, certains ont des coups de foudre, nous, c'était sur un coup de tête.

« L’autre Yann » est mon meilleur ami.

Tous mes étés entre 14 et 16 ans, je travaille au même camp qui a vu mes dernières vacances. Je tente d’être comme Cortex, mais en plus sage.

Nous sommes quatre et avons pris le contrôle d’une porte assez fréquentée. À chaque personne qui passe, nous nous inclinons poliment d’un « bonne journée ».  Certains se sentent insultés. Tant pis.

Je participe à mon premier grandeur nature, mon personnage passe 12 heures à s’enfuir, se faire des amis orcs et jouer de la flûte. Je fais de cette activité l’une de mes passions.

À 17 ans, l’administration de mon camp change, on ne me reprend pas. Premier pas dans l’inconnu depuis le secondaire. Je fais des ménages durant deux jours, démissionne et suis engagé le lendemain dans un autre camp de jour.

Au cégep, je me plais la première année, je me sens en avance et ne m’en fait pas tellement pour mes notes. Seule la chimie me pose problème. Je ne suis pas bon en laboratoire et la manipulation me rend malade. J’ai toujours voulu être et été un cérébral. Je réussi à passer, c’est l’important.

Je commence à considérer que je suis peut-être, parfois, un adulte, c’est un pas de géant.

J'apprends l'existence de Bishop à cause d’un hasard, mon amie parlait d’architecture avec le représentant de Laval depuis plusieurs minutes, je m’ennuyais, j’ai trouvé un kiosque mauve inoccupé et ai commencé à lire une brochure. La femme qui s’en occupait revient des toilettes et me demande ce qui m’intéresse. Alors que je dis le mot « physique », son sourire glisse. Avec son accent anglais, elle me dit que la physique à Bishop est très spéciale et vraiment pas pour tout le monde. Je veux en savoir plus, elle m’explique que Bishop se concentre surtout sur l’astrophysique.

Je décide d’aller à Bishop.

Un été en camp de vacance, à plusieurs heures de route de chez moi. Je réussi à créer des souvenirs incroyables pour les enfants, je suis en conflit avec mon patron. Même s’il avait voulu me reprendre l’an prochain, il me dégoûte, je refuserais. Je fuis vers quelque chose d’autre. J’envoie un CV au planétarium de Montréal, mais je n’ai pas de réponse. Ma mère en parle à une de ses amies qui envoie directement mon CV a une amie, mais je n’ai pas de réponse. J’en parle à ma grand-mère, on m’appelle moins de 48 heures plus tard. Merci grand-maman. Je passe l’entrevue avec succès, mon été suivant sera à Montréal avec l’emploie le plus incroyable que je peux imaginer, dans une ville qui m’agresse en permanence.

Après un spectacle au planétarium, quelqu'un s’approche de la console. « Salut Yann », quelques secondes de regard. « Cortex. » Merci de t’être souvenu de moi, c’est sans doute le plus beau compliment que tu pouvais me faire.


Aujourd'hui, j’ai 20 ans. Je suis étudiant en physique et littérature anglaise, et lorsque je regarde derrière moi, je vois d’immenses ombres qui sont autant de raisons qui m’ont poussé à partir, à fuir si souvent. Mais j’aperçois également des hasards, des valeurs qui m’ont poussé à avancer, à détruire l’inconnu à grand renfort de curiosité et d’optimisme. Et maintenant, je porte mon regard vers l’avant et je lève la tête, avec la fierté d’un petit bonhomme sur la balançoire et le courage d’un trio d’honorable guerrier dans la cour de récré, avant de faire toujours un pas de plus, plus haut, plus vite, meilleur. Il y a quelques années, je trouvais ridicule l'enfant qui prouvait par A=B que son assaillant était stupide. Aujourd'hui, j'en suis fier.

Aujourd’hui, j’ai pensé, j’ai regardé en arrière, et j’ai regardé comment j’allais vers l’avant. Et je me suis souhaité bonne fête.




Yann,

Bonne fête et merci pour tout.

Yann.




Demain est l’équinoxe de printemps. N’oublier pas de le célébrer, ou au moins d’y penser.



P.S. Mon premier texte en anglais est en écriture et sera bientôt en ligne si ça ne vous dérange pas (c'est ma fête, je le mettrais en ligne même si ça vous dérange).

mardi 25 février 2014

21. Spécial

Spécial

J’ai vécu une de ces expériences hors du commun où le rêve et l’éveil se mélange admirablement bien cette nuit (1).

J’ai fait aujourd’hui pour mon cours de science-fiction une présentation sur comment nos perceptions sont mises à mal dans le film Men in Black et dans le livre Do Androids Dream of Electric Sheep de Philip K. Dick. Malgré un anglais très hésitant, j’ai plus tenu la classe en alerte que ma partenaire qui citait Kant dans ses propos sur les limites de nos sens dans les œuvres à l’étude.

Il y a, dans le livre de K. Dick, un personnage nommé Isidore dont le cerveau a, semble t-il, été endommagé par la poussière radioactive qui recouvre la Terre dans le monde post-apocalyptique proposé par l’auteur. Il n’a pas le droit d’émigrer sur Mars et n’est pas assez intelligent pour occuper une fonction d’importance sur Terre, il vit seul dans un des multiples appartements d’un building gigantesque qui pourrait loger des milliers de personne si celles-ci n’avaient pas fuit vers le nouveau monde sain qu’est maintenant la planète rouge. Isidore est sans doute le plus beau personnage de Do Androids Dream of Electric Sheep. Il est empathique, attachant et, malgré ses déficiences qui lui valent le titre de « spécial », capable de raisonnements que les autres personnages, guidés par les conventions sociales et culturelles (sous-entendu ici, par le capitalisme), peinent à comprendre.

Je l’ai donc très bien pris quand, en allant me rasseoir, j’ai entendu à l’arrière de la classe Docteur Malley dire : « You’re special Yann », ce à quoi j’ai répondu un timide « Thank you. »

Mais là n’est pas le point.

Je vous écris malgré une charge de travail monstre, celle là même qui m’a obligé à écrire un essaie de trois pages en une journée, en plus de voir ma copine (2) et de préparer cet oral dans les temps morts. J’ai quand même l’avantage, le lundi matin, de commencer mes cours à 11h30, ce qui pouvait me permettre de me préparer le jour même, et le désavantage de ne jamais réussir à me lever à temps.

Pourtant, ce matin, alors que j’arpentais mon univers onirique, j’y entrais dans ma classe, me trouvais sans ressource pour mon exposé. Je décidais donc de me lever plus tôt ce matin là pour avoir tout le temps qu’il me fallait pour me préparer.

J’ai ouvert brusquement les yeux sur le cadran; 7h00. Pas 7h01 ou 6h59, un rond, un parfait, un improbable 7h00 qui me donnait plusieurs heures d’avance pour pratiquer avant mon cours de Science-Fiction.

Devant ce sentiment de grandeur et d’émerveillement, j’ai fermé les yeux et me suis levé à 8h30, ai déjeuné tout doucement et griffonné quelques notes sur un post-it (qui ne mérite même pas ce nom vu son absence d’adhésif), puis je suis allé en classe et ai été qualifié de spécial par Dr Malley à la fin de mon exposé.





Si vous voulez rire, regardez Men in Black, si vous voulez réfléchir, prenez n’importe quel livre de K. Dick. C’est dans Do Androids Dream of Electric Sheep que j’ai lu le mot wespe pour la première fois. Sans Do Androids Dream of Electric Sheep, je n’aurais pas écrit mon texte 2. Sans mon cours de Science-Fiction, je n’aurais jamais su à quel point ma lecture de mai 2013 aurait pu aller plus loin, merci Dr Malley!



Je reste présent sur les commentaires.

Odin


Mon album préféré
P.S. Un jour mon père m’a dit que le groupe musical auquel il revenait toujours était The Cure. Sans la moindre autorité vu mon jeune âge, je ne peux que citer mon père : « Le seul groupe auquel je reviens toujours est The Cure. » C’est dit.


P.P.S. Je risque d’essayer d’ici peu d’écrire un article ou deux en anglais histoire de pratiquer, d’expérimenter les différences linguistiques et stylistiques, et surtout de donner quelque chose à lire à mes amis unilingues anglophones de l’université! J'essaierais bien sûr de trouver un sujet qui se prête mieux à la langue anglaise qu'au français.









1. Quand j’ai commencé à écrire, on était encore aujourd’hui, et quand vous lirez, on sera sans doute demain.
2. Elle se nomme Camille et nous sommes allés prendre un bien peu productif thé si vous voulez tout savoir.


samedi 1 février 2014

20. Who the Hell I am?

Who the Hell I am?

Je continue de me le demander régulièrement. Avant de m’endormir, devant un miroir, plongé dans un livre. C’est une question incroyablement complexe et abstraite.

J’ai 19 ans et je n’agis pas comme un adulte, mais je ne suis pas non plus un enfant. Mes comportements passent de l’immaturité totale au plus grand professionnalisme en un clin d’œil. Une part de moi veut absolument que je reste à jamais un enfant, mais une autre aspire à la grandeur, une grandeur qui n’est pas celle d’un jeune homme qui s’amuse. Parfois, je crée une apparence vestimentaire de gamin de manière volontaire et tente de me faire prendre au sérieux, d’autres je m’habille n’importe comment et tente d’agir en « grande personne » qui ne porterais pas un pantalon habillé sans ceinture avec un T-shirt de festival de théâtre et des Converse…

Je doute très souvent de mon intelligence, celle là même qu’on vante à ma place à gauche à droite (1). Je doute de tout en fait, autant de mes qualités que de mes défauts.

Même physiquement, je n’ai pas la moindre idée à quoi je ressemble. Les seuls choses qui sont sûres sont celles qu’il m’est impossible d’ignorer ou avec lesquelles je dois gérer quotidiennement. J’ai les yeux verts, les cheveux bruns et une barbe dont je prends soin pour avoir l’air de quelqu’un qui ne prend pas soin de sa barbe. Je suis un petit peu plus petit que les autres garçons, et c’est tout.

C’est le néant. Ai-je les sourcils froncés? Le visage rond? La mâchoire proéminente? Un regard froid? Les oreilles décollées? Aucune idée, et je ne manque pas de mots à mettre sur ce que je vois dans la glace. Je n’arrive pas à le saisir. À le comprendre.

Et puis, comment définit-on un humain?

Par ses actions? Ses pensées? Ses goûts? Ses implications?

Un peu de tout?

Sans aucun doute, même si cela me ramène perpétuellement à un paradoxe complet. Je suis inconstant et changeant, indescriptible, insaisissable.

Devant moi, trois réflexions différentes peuvent expliquer mon incapacité à me comprendre.

La première est la plus simple, je ne me connais pas suffisamment, ou ne suis pas assez brillant, ou ne me questionne pas suffisamment fort, pour comprendre l’être complexe et quinté-dimensionnel (à quelques chose prêt, mais ce mot a la classe) que je suis. Une hypothèse qui est à la limite du réconfort, il est possible de comprendre ce que je suis; et de la déception, je suis incapable de comprendre ce que je suis.

La seconde implique que je sois paradoxal dans mon essence, et donc que j’ai une bonne compréhension de moi en tant qu’être déroutant. Il ne me reste plus qu’à l’accepter et approfondir cette piste. Dans ce cas, suis-je le seul ainsi? L’humain en soit serait une créature de dualité? C’est ce que je crois. Toutes mes réflexions m’y mènent depuis des années.

L’humain manque de stabilité et d’omniscience dans sa propre tête pour n’être qu’une fine ligne droite sur une feuille de papier. Il est un barbeau en trois-dimensions changeant dans le temps et la conscience tente d’y voir clair figée dans un mouvement incohérent et presque incontrôlable.

Finalement, l’humain pourrait être une créature que je qualifierais, dans un abus de langage volontaire, de liée à la divinité. Ce qui se résumerais par l’existence, en chaque homme et femme, d’une part d’être venant d’un univers (dans tous les sens, larges et plus petits) différent du nôtre où la raison que nous appliquons et les émotions que nous ressentons n’ont soit pas court, son obsolète ou sont magnifiée par une forme de conscience supérieure que nous ne saurions atteindre pour des raisons qui, possiblement, échappent même à notre mode de pensée actuel.

On retrouve ce genre de légendes dans plusieurs cultures et littératures. La divinité est en l’homme et lorsqu’on y touche, peu importe au travers de quelle croyance, on a la foi.

Je ne crois pas poursuivre l’analyse plus loin aujourd’hui, de toute façon, mon but reste de fournir des pistes de réflexions et rarement des réponses, et mon rhume ralenti mes capacités.



Je reste assez réactif sur les commentaires.





Yann Odin





1. 
Autant des gens que je connais que des inconnus :
-Tu fais quoi dans la vie?
-Je suis étudiant.
-En quoi?
-En physique et littérature.
-Es-tu en train de me dire que je suis devant un génie?
-Heum?!?