mardi 25 février 2014

21. Spécial

Spécial

J’ai vécu une de ces expériences hors du commun où le rêve et l’éveil se mélange admirablement bien cette nuit (1).

J’ai fait aujourd’hui pour mon cours de science-fiction une présentation sur comment nos perceptions sont mises à mal dans le film Men in Black et dans le livre Do Androids Dream of Electric Sheep de Philip K. Dick. Malgré un anglais très hésitant, j’ai plus tenu la classe en alerte que ma partenaire qui citait Kant dans ses propos sur les limites de nos sens dans les œuvres à l’étude.

Il y a, dans le livre de K. Dick, un personnage nommé Isidore dont le cerveau a, semble t-il, été endommagé par la poussière radioactive qui recouvre la Terre dans le monde post-apocalyptique proposé par l’auteur. Il n’a pas le droit d’émigrer sur Mars et n’est pas assez intelligent pour occuper une fonction d’importance sur Terre, il vit seul dans un des multiples appartements d’un building gigantesque qui pourrait loger des milliers de personne si celles-ci n’avaient pas fuit vers le nouveau monde sain qu’est maintenant la planète rouge. Isidore est sans doute le plus beau personnage de Do Androids Dream of Electric Sheep. Il est empathique, attachant et, malgré ses déficiences qui lui valent le titre de « spécial », capable de raisonnements que les autres personnages, guidés par les conventions sociales et culturelles (sous-entendu ici, par le capitalisme), peinent à comprendre.

Je l’ai donc très bien pris quand, en allant me rasseoir, j’ai entendu à l’arrière de la classe Docteur Malley dire : « You’re special Yann », ce à quoi j’ai répondu un timide « Thank you. »

Mais là n’est pas le point.

Je vous écris malgré une charge de travail monstre, celle là même qui m’a obligé à écrire un essaie de trois pages en une journée, en plus de voir ma copine (2) et de préparer cet oral dans les temps morts. J’ai quand même l’avantage, le lundi matin, de commencer mes cours à 11h30, ce qui pouvait me permettre de me préparer le jour même, et le désavantage de ne jamais réussir à me lever à temps.

Pourtant, ce matin, alors que j’arpentais mon univers onirique, j’y entrais dans ma classe, me trouvais sans ressource pour mon exposé. Je décidais donc de me lever plus tôt ce matin là pour avoir tout le temps qu’il me fallait pour me préparer.

J’ai ouvert brusquement les yeux sur le cadran; 7h00. Pas 7h01 ou 6h59, un rond, un parfait, un improbable 7h00 qui me donnait plusieurs heures d’avance pour pratiquer avant mon cours de Science-Fiction.

Devant ce sentiment de grandeur et d’émerveillement, j’ai fermé les yeux et me suis levé à 8h30, ai déjeuné tout doucement et griffonné quelques notes sur un post-it (qui ne mérite même pas ce nom vu son absence d’adhésif), puis je suis allé en classe et ai été qualifié de spécial par Dr Malley à la fin de mon exposé.





Si vous voulez rire, regardez Men in Black, si vous voulez réfléchir, prenez n’importe quel livre de K. Dick. C’est dans Do Androids Dream of Electric Sheep que j’ai lu le mot wespe pour la première fois. Sans Do Androids Dream of Electric Sheep, je n’aurais pas écrit mon texte 2. Sans mon cours de Science-Fiction, je n’aurais jamais su à quel point ma lecture de mai 2013 aurait pu aller plus loin, merci Dr Malley!



Je reste présent sur les commentaires.

Odin


Mon album préféré
P.S. Un jour mon père m’a dit que le groupe musical auquel il revenait toujours était The Cure. Sans la moindre autorité vu mon jeune âge, je ne peux que citer mon père : « Le seul groupe auquel je reviens toujours est The Cure. » C’est dit.


P.P.S. Je risque d’essayer d’ici peu d’écrire un article ou deux en anglais histoire de pratiquer, d’expérimenter les différences linguistiques et stylistiques, et surtout de donner quelque chose à lire à mes amis unilingues anglophones de l’université! J'essaierais bien sûr de trouver un sujet qui se prête mieux à la langue anglaise qu'au français.









1. Quand j’ai commencé à écrire, on était encore aujourd’hui, et quand vous lirez, on sera sans doute demain.
2. Elle se nomme Camille et nous sommes allés prendre un bien peu productif thé si vous voulez tout savoir.


samedi 1 février 2014

20. Who the Hell I am?

Who the Hell I am?

Je continue de me le demander régulièrement. Avant de m’endormir, devant un miroir, plongé dans un livre. C’est une question incroyablement complexe et abstraite.

J’ai 19 ans et je n’agis pas comme un adulte, mais je ne suis pas non plus un enfant. Mes comportements passent de l’immaturité totale au plus grand professionnalisme en un clin d’œil. Une part de moi veut absolument que je reste à jamais un enfant, mais une autre aspire à la grandeur, une grandeur qui n’est pas celle d’un jeune homme qui s’amuse. Parfois, je crée une apparence vestimentaire de gamin de manière volontaire et tente de me faire prendre au sérieux, d’autres je m’habille n’importe comment et tente d’agir en « grande personne » qui ne porterais pas un pantalon habillé sans ceinture avec un T-shirt de festival de théâtre et des Converse…

Je doute très souvent de mon intelligence, celle là même qu’on vante à ma place à gauche à droite (1). Je doute de tout en fait, autant de mes qualités que de mes défauts.

Même physiquement, je n’ai pas la moindre idée à quoi je ressemble. Les seuls choses qui sont sûres sont celles qu’il m’est impossible d’ignorer ou avec lesquelles je dois gérer quotidiennement. J’ai les yeux verts, les cheveux bruns et une barbe dont je prends soin pour avoir l’air de quelqu’un qui ne prend pas soin de sa barbe. Je suis un petit peu plus petit que les autres garçons, et c’est tout.

C’est le néant. Ai-je les sourcils froncés? Le visage rond? La mâchoire proéminente? Un regard froid? Les oreilles décollées? Aucune idée, et je ne manque pas de mots à mettre sur ce que je vois dans la glace. Je n’arrive pas à le saisir. À le comprendre.

Et puis, comment définit-on un humain?

Par ses actions? Ses pensées? Ses goûts? Ses implications?

Un peu de tout?

Sans aucun doute, même si cela me ramène perpétuellement à un paradoxe complet. Je suis inconstant et changeant, indescriptible, insaisissable.

Devant moi, trois réflexions différentes peuvent expliquer mon incapacité à me comprendre.

La première est la plus simple, je ne me connais pas suffisamment, ou ne suis pas assez brillant, ou ne me questionne pas suffisamment fort, pour comprendre l’être complexe et quinté-dimensionnel (à quelques chose prêt, mais ce mot a la classe) que je suis. Une hypothèse qui est à la limite du réconfort, il est possible de comprendre ce que je suis; et de la déception, je suis incapable de comprendre ce que je suis.

La seconde implique que je sois paradoxal dans mon essence, et donc que j’ai une bonne compréhension de moi en tant qu’être déroutant. Il ne me reste plus qu’à l’accepter et approfondir cette piste. Dans ce cas, suis-je le seul ainsi? L’humain en soit serait une créature de dualité? C’est ce que je crois. Toutes mes réflexions m’y mènent depuis des années.

L’humain manque de stabilité et d’omniscience dans sa propre tête pour n’être qu’une fine ligne droite sur une feuille de papier. Il est un barbeau en trois-dimensions changeant dans le temps et la conscience tente d’y voir clair figée dans un mouvement incohérent et presque incontrôlable.

Finalement, l’humain pourrait être une créature que je qualifierais, dans un abus de langage volontaire, de liée à la divinité. Ce qui se résumerais par l’existence, en chaque homme et femme, d’une part d’être venant d’un univers (dans tous les sens, larges et plus petits) différent du nôtre où la raison que nous appliquons et les émotions que nous ressentons n’ont soit pas court, son obsolète ou sont magnifiée par une forme de conscience supérieure que nous ne saurions atteindre pour des raisons qui, possiblement, échappent même à notre mode de pensée actuel.

On retrouve ce genre de légendes dans plusieurs cultures et littératures. La divinité est en l’homme et lorsqu’on y touche, peu importe au travers de quelle croyance, on a la foi.

Je ne crois pas poursuivre l’analyse plus loin aujourd’hui, de toute façon, mon but reste de fournir des pistes de réflexions et rarement des réponses, et mon rhume ralenti mes capacités.



Je reste assez réactif sur les commentaires.





Yann Odin





1. 
Autant des gens que je connais que des inconnus :
-Tu fais quoi dans la vie?
-Je suis étudiant.
-En quoi?
-En physique et littérature.
-Es-tu en train de me dire que je suis devant un génie?
-Heum?!?